à chaud

"Chez le gynéco ? Vraiment ?"

“Dégueu…Mais la deuxième partie plus sympa que la première”

Gaïa : 

Un road movie sur fond de cannibalisme, avec une première partie urticante, rien n’avance. On suit une jeune fille errante, Maren (Taylor Russell), une “eater” perdue qui ne sais plus quoi faire de son appétit et assouvit ses pulsions voraces malgré elle, accompagnée d’un Timothée Chalamet dont la seule consistance du personnage réside dans ses cheveux pourpre et sa dégaine mi-cowboy mi-Palavas-les-Flots. De notre côté, on reste sur notre faim, l’action se résume aux festins macabres et aux embrassades, si c’était que ça, la bande d’annonce suffisait amplement. Le trou béant de notre estomac de cinéphile s’agrandit du creux des personnages dont on ne sait rien hormis leur funeste régime. Un vide cinématographique enterré par des dialogues malaisants sur le ton du teen movie surjoué du jeudi soir entre Lee(-je-suis-rebel-parce-que-je-souffre-mon-papa-était-alcoolique,) et Maren(-mon-papa-est-parti-ma-maman-est-internée). 

Si Guadagnino faisait de Call Me by your Name un drame où la psychologie des personnages dépassait le simple je t’aime moi non plus, dans Bones & All, la plupart les protagonistes et leur simulacre d’histoire sont balancés dans le film pour une durée déterminée et disparaissent des radars pour le reste du long métrage,  le rendant assez indigeste en plus d’être peu ragoutant : relativement frustrant.

On se demande comment on a pu atterrir ici après que Luca Guadagnino nous ait offert l’ultra bucolisme de l’Italie estivale, on se retrouve propulsés dans la vie de périphérie des grands axes américains à suivre deux cannibales qui ne savent pas ce qu’ils cherchent…

Un scénario attendu avec quelques scènes d’actions mal amenées et peu travaillées, juste dégueux, on en garde l’impression que le réalisateur n’était pas fan du script, donc il y a appliqué des jolies couleurs comme il sait faire et a attendu que ça passe;

Le thème du cannibalisme est non sans rappeler Grave (Julia Ducournau) mais sans la dextérité de la réalisatrice qui dotait le scénario extravagant d’une esthétique gore mais calibrée et séduisante. Là c’est tout hémoglobine et rien pour le cinéma. Bones and all est un film maladroit qui porte bien son titre, laissant une impression de pas fini, de manque de-.

TESS : 

On s’était laissé convaincre du mélange Guadagnino- Chalamet avec Call me by your name. Enlevez le paradis italien et rajoutez un club de cannibales, c’est plus pareil. 

Audacieux ( il faut du courage pour nous servir..ça ) Bones and All se jette sur nous sans prévenir : attention pas tous les estomac ne tiennent le coup ( ni tous les amateurs de bons films) 

D’abord, les acteurs. On sent chez le réalisateur l’envie de mettre le duo en premier plan,  aussi bien avec Elio et Oliver dans le film précédent qu’ici avec les prénommés Maren et Lee, deux cannibales malgré eux. Des adolescents pas très intéressants à l’écran : des dialogues creux, l’interprétation de Maren par Taylor Russell un peu incertaine. Quant à Timothée Chalamet, le personnage de Lee ne fait pas honneur à son jeu d’acteur. Difficile à cerner, incomplet, Lee apparaît même ridicule, on regrette le jeune et cultivé Elio. Et s’il te plaît, enlève-le ce chapeau de cowboy. 

Quête initiatique ou identitaire ? Road movie ? Romance ? Horreur ? Hésitant sans cesse entre les styles, le film tient une histoire qui ne semble prendre aucune direction ferme, ce qui finit inévitablement par lasser. 

En revanche, Guadagnino réussit à créer le malaise par moments, à travers un personnage en particulier notamment. Vision d’un homme déjà rencontré dans un rêve, d’un guide que l’on craint pourtant, qui perturbe dès le début et reste discret en fond de toile pendant tout le film, jusqu’à la fin. Terrifiant vous verrez, bien joué. 

Au niveau de l’intrigue, ça flotte et ça traîne, sauf vers la fin, la partie la mieux réussie à mon sens. 

Le retournement de situation final est à deux tranchant : à la fois l’apogée du malaise, il vient aussi sublimer un film qu’on avait du mal à apprécier. 

On a des hauts-le-cœur tout en se disant que la fin est pas mal quand même. 

Beaucoup de bruit pour quoi alors ? 

Un film moins réussi que ce que l’on aurait voulu. En expérimentant, Guadagnino a pris un risque. Malgré des éléments originaux, cela reste un road trip avec des longueurs et  des impressions de déjà-vu. Difficile à apprécier dans son entièreté.