à chaud

“Heureux les fêlés qui laissent passer la lumière”

“ Faut vite que je shazame la musique du générique »

Gaïa

Un épisode de vie foudroyant de justesse qui touche la vérité dans le silence.

Christophe Honoré nous emmène dans le naufrage intime de sa propre adolescence, mise en scène dans un long métrage minutieux et soigné.

Un Paul Kirscher se révèle dans un rôle tendre de jeunesse qui apporte une fraîcheur puérile à l’obscurité du deuil. Le gamin nous emmène aux confins du tourment adolescent où la fuite par le corps devient la seule issue. « Laisser le corps prendre toute la place » pour ne pas laisser le vide envahir l’esprit, le corps est éprouvé par tous les moyens, dans des scènes de peau à peau charnelles ou de pulsions destructrices, pourvu que ce ne soit que le corps qui trinque. 

Le film est un souffle de vie dans l’asphyxie de la perte. Christophe Honoré filme la famille avec une précision chirurgicale, inspectant l’amour indestructible qui lie chacun des membres de cet ensemble fragmenté par l’accident.

Vincent Lacoste dans un jeu de funambule qui séduit à chaque fois. Une entrée toujours brouillon qui oscille sans vouloir y toucher, tangue sans jamais se péter la gueule et trouve un équilibre parfait dans la précarité du frère artiste parisien. Le cynisme désinvolte et protecteur de Quentin rend tout moins dur et moins sérieux. 

Juliette Binoche excelle de minutie dans la solidité de la mère qui laisse sa peine de côté pour sauver le fruit de ses entrailles sans hésiter une seconde. Un personnage pilier qui demeure en périphérie une partie du film, pour reprendre d’un elan vital le gouvernail d’un bateau dans la tempête. 

Finalement un long métrage calibré qui nous laisse le temps de faire notre deuil. La durée du film est celle de son assimilation physiologique, de son esthétique à sa psychologie, qui laisse se voir dans chacun des rôles, en nous rappelant que Paris est hors du temps et offre tant de nouvelles histoires qu’il suffit de saisir comme une bouée pour sortir la tête de l’eau, le temps d’un air de Manœuvre Orchestral.

tess

C’est au détour d’une après-midi d’hiver que l’on sort un peu engourdi du Lycéen. Deux heures de projection que l’on sent passer, sans pour autant affirmer qu’on s’ennuie. 

Dans ce long-métrage qui révèle l’adolescence écorchée de Christophe Honoré lui-même, se réunit un casting aux petits oignons qui livre des personnages authentiques et réussis. 

Le film est un beau portrait intime. On se laisse facilement emporter par la cinématographie sans fioritures du réalisateur. Recherchés,chaque plan semble être à la bonne place.

En premier plan, Paul Kircher dans le rôle de Lucas qui interprète avec justesse un adolescent perdu après un drame familial. 

Juliette Binoche toujours impeccable, se glisse dans la peau d’une mère aimante devant faire face au deuil, touchant. Sans oublier la performance de Vincent Lacoste, grand frère distant ayant rejoint la capitale. 

Une narration du protagoniste vient amener le récit jusqu’à la fin. Bel élément de scénario, il creuse le personnage en profondeur. 

Un tableau de la jeunesse lycéenne et des premiers sentiments qui éclosent, explorés à travers le prisme personnel  du réalisateur, qui relate sa propre adolescence.C’est autobiographique, c’est réel. 

Ce qu’on retient surtout du lycéen, c’est la bande originale very eighties. Le son du synthé, c’est dynamique et entraînant, on aime ça. 

Mais, (parce qu’il faut un mais) le long métrage, en plus de ses quelques longueurs, est très (trop ? ) brut par moments. C’est éprouvant, ça plaît ou ça ne plaît pas. 

On sent aussi que le film a moins été fait pour le public que pour Christophe Honoré lui-même (problème de la subjectivité). Son expérience lui permet de jouer avec le cinéma d’accord, mais parfois on se sent oublié.

Alors, bon film français ? Assurément, le pari est rempli : un drame un peu long, des acteurs bien rodés qui récitent de vrais dialogues sur fond de maison enneigée et Renault twingo.De quoi occuper un samedi après-midi.