a chaud

“Comme quoi ça  peut être hyper émouvant le club med”

Charlotte Wells signe ce premier film d’une main de fée. Prenant l’émotion pour cible, elle vise avec précision et réalise ce long métrage avec une minutie laborantine. 

Comment filmer le lien complexe qui unit un père et une fille, à la fois solide comme la pierre et friable comme un duo de chanteurs de karaoké amputé d’un membre ? 

Un soleil de plomb surveille le tandem poétique que forment Calum (Paul Mescal) et Sophie (Frankie Corio) qui s’accordent dans deux rôles complexes. 

C’est en effet en Turquie que Sophie retrouve son père pour leurs vacances annuelles, entourés par les animateurs, les stand de glace et les soirées dansantes du resort où les jours passent, au rythme des après midi affalées sur un transat et des amourettes adolescentes dont la jeune fille se fait le témoin curieux.

Les deux acteurs s’exécutent avec mesure et grâce. La toute-jeune Frankie Corio interprète avec brio la fraicheur de l’enfant taquine et espiègle qui caractérise Sophie, tout en faisant transparaitre la lucidité de la femme qui se rémemore avec mélancolie ces instants bientôt perdus. 

Sous la caméra de Wells, souvent enchâssée dans le petit caméscope de la gamine, la réalité s’évapore et dépasse le fait pour demeurer suspendue dans l’éternité de l’émotion acide qui accompagne la mémoire. 

 

La force de la réalisatrice émane définitivement de sa capacité à capturer l’intimité dans son épaisseur. Celle-ci travaillant chaque événement à la mesure de l’onde de choc qu’il représente pour chacun des personnages, le rituel de l’après soleil devient le leitmotiv de la tendresse qui soude les maillons de la relation filiale. 

L’image nous marque pour sa portée métaphysique, chaque plan semble pensé et réfléchit pour créer l’esthétique d’un souvenir, notamment par le travail des reflets, offrant des polyptyques d’une intelligence rare.