a chaud

“Alors, j’ai rien pigé, et en plus j’ai mal aux yeux”

Par Gaïa

 

Du Wes Anderson, wesandersonnien sans le génie des précédents Wes Anderson (French Dispatch exclu, bien évidemment).

Casting cinq étoiles (Tom Hanks, Scarlett Johansson, Margot Robbie ou encore Willem Dafoe) qui ne tient finalement pas grand chose de plus que la promesse d’une salle comble. Une exception près, on ne pourra pas retirer à Scarlett Johanson sa clinquante interprétation d’une actrice “drama-queen”, sacrifiant sans remords couple et enfants pour sa passion.  

C’est là que ça coince, le réalisateur tente de saupoudrer le film de questionnements métaphysiques et  universels, sans jamais se mouiller pour de bon. Si le but était de nous faire cogiter, c’est réussi, le long métrage est formidablement incompréhensible, les passages en noir et blanc se voulant de surcroît lourdingues et montrant un essoufflement du sens de la métaphore. 

En effet, on se laissera toujours charmer par les curiosités et le goût du détail,  caractéristiques du style “wesandersonien”, mais cela suffit-il pour faire un bon film ?  Ici, le spectateur se retrouve face à presque deux heures d’un bric à brac de mise en scène, à l’esthétique satisfaisante mais insuffisante : il ne suffit pas de mettre les cendres de Maman dans un tupperware pour transcender le spectateur. 

On saisit bien la mise en abîme de la construction dramatique (Asteroid City est la répétition générale d’une pièce de théâtre). Les plans superposant désert, cabine et son intérieur laissent évoluer les personnages en figurant leurs tergiversations internes, ainsi que les interventions narratives du metteur en scène (Bryan Cranston) dans les séquences en noir et blanc.

D’ici, le film n’est pas paresseux, mais assez foireux. L’éléphant accouche de la souris, quand Anderson s’attaque à la SF à l’intérieur de la pièce tout en promettant une réflexion métaphysique sur des sujets aussi vastes que le deuil, la comédie, l’amour, la vérité (il n’aurait pas eu une super note au bac de philo, soit). La promesse d’une possible originalité faite au premier plan, plongeant le specteur dans un noir et blanc assez étonnant pour le réalisateur n’est qu’une pirouette pour finir par retomber sur ses pattes et le “confort” d’une mise en scène caractéristique devenue reproductible, en témoigne le récente mode TikTok consistant à “wesandersoniser” sa vie. 

Tout ça nous donne un joli film tout à fait décousu, la colorimétrie typique bien qu’accrocheuse n’est qu’une redite dans laquelle le propos se noie. Anderson semble avoir eu des idées pendant le confinement puisqu’il écrit le film à cette période, mais tenter de toutes les mettre dans le même film nous impose presque deux heures d’un bonbon indigeste.