a chaud

“Coquinette. »

Par Gaïa

 

Autour d’un scénario sulfureux, Catherine Breillat dirige ses acteurs pour transpercer la brume sombre de l’histoire par la luminosité de ses interprètes. 

Une Léa Drucker stupéfiante dans un rôle complexe, celui de la femme de pouvoir, celui d’une millième Emma Bovary jonglant entre son désir et sa morale. Cette fois ci, la faute plonge le film dans l’obscurité du mensonge.

 

 

Plus l’on avance, plus le film s’enfonce dans l’obscurité pesante de la culpabilité. Ainsi la lumière éblouissante soulignant la déceptivité des premières scènes, montrant le quotidien rangé d’une avocate, épouse et mère adoptive se dissipe pour parer la vidéo d’une noirceur éloquente. 

 

 

Le brio du film réside en ce que l’image suffit à lever le voile sur la vérité. 

Alors que la tromperie s’installe, le film se fait de plus en plus net et le contraste dénonciateur transperce le voile lumineux qui recouvrait le portrait malhonnête de cette famille idéale. 

De même, en jouant sur les effets de transparence, tantôt de la vitre d’une voiture, tantôt de la porte même de la maison familiale, la mise en scène souligne l’effet de vitrine et l’aspect tout artificiel de ces scènes de ménages. 

Le personnage d’Anne est subitement mis à nu, et littéralement, lors des séquences d’extase, en plans resserrés sur le visage brut, pétri par la seule expression de l’orgasme, soulignant malicieusement la “vraie nature” de la protagoniste. 

 

Ce film est aussi la découverte de Samuel Kircher, dont le frère Paul nous avait ému l’année dernière dans Le Lycéen (C.Honoré). Il revêt le même jeu attendrissant que son frère, dans le rôle du fils honnit. Les irrégularités (ou trop plein de régularité ?) de son jeu dénotent néanmoins quelquefois, se lovant parfois dans la facilité d’une expression mi-béâte, mi-séductrice. On ne sait alors dire si ce léger surjeu est propre au personnage adolescent, performant une désinvolture puérile, ou bien s’il est celui du jeune comédien ne sachant plus bien se dissocier du personnage. 

 

 

 

Soulignons la puissance de certains plans, notamment celui du baiser ou encore la scène finale, capitulation de la femme-empire face à sa propre morale et la preuve d’amour -ou de défaite- ultime qui rend sa dernière lueur. Canon.