Pour mon premier film d ’Aki Kaurismaki, Les Feuilles Mortes est avec du recul, un choix plutôt adéquat.

Loin d’une séance de cinéma qui vous donne envie de changer le monde, on apprend pendant deux heures à l’accepter tel qu’il est.

Témoin d’une classe populaire finlandaise qui oscille entre découragement et..découragement, c’est d’une Finlande précaire dont nous parle le réalisateur. Celle des emplois par nécessité et du conteneur en guise d’habitation, avec des colocataires dont on se passerait bien. Le flegme apparent des personnages semble sans limite dans ce monde pourtant injuste, tous deux sont imperturbables et résignés, écoutent sans cesse à la radio des nouvelles de la guerre en Ukraine. 

 La vie n’est pas un long fleuve tranquille, et pourtant tout dans l’esthétique pousse à penser le contraire : une identité visuelle  ordonnée, pas grand chose qui dépasse, rien de trop brusque non plus. Des couleurs froides mais des touches de chaleur et des intérieurs rangés.Des choix qui font échos aux personnages, aussi privés de souplesse. Si l’on rigole du pince sans rire Holappa et que l’on compatit avec la solitaire Ansa, on regrette le peu de chose que nous transmettent vraiment les personnages. 

Peut être que leur histoire d’amour, en fait, personne ne peut la comprendre. Ou peut-être que les dialogues ne sonnent pas assez vrais et nous laissent un peu sur notre faim. Malgré ça, c’est le sourire au coin des lèvres que l’on suit les pas trébuchants d’une romance de tous les jours, si propre à chacun et en même temps, universellement tendre. On remercie Aki Kaurismaki de nous faire chaud au cœur , en donnant à ses personnages ce dont ils ont peut être besoin pour affronter le reste de leur vie. 

En somme, une histoire qui manque peut être de crédibilité dans un monde aux injustices bien réelles. Mais peut-être faut-il un peu de ce surréalisme de temps en temps, c’est vrai qu’on est au cinéma. Les feuilles mortes fleurissent avant tout de bons sentiments du début jusqu’au générique, et rien que pour ça, il mérite le détour.