Pour nos retardataires, qui ont oublié que le festival était raccourci d’une semaine. Pour les speedrunners du OFF, qui attendent chaque année les trois derniers jours pour enfin traverser les remparts et savourer les dernières représentations du plus grand festival de théâtre du monde. 

Il reste quatre jours, alors on sélectionné quatre pièces, utile pour ceux qui en ont marre de se taper les trois cent pages du programme  papier tous les ans ( nous aussi on souffle, mais bon, on le prend quand même, parce que le site marche pas, et parce qu’on l’aime bien, quand même, ce gros rouleau de papier glacé). 

1- « C’est comme ça : spectacle pour changer le monde en 1h. » au Théâtre Isle 80 – 13h

Si avez encore de l’espoir, si il vous reste un peu d’amour, si vous êtes pour un monde meilleur ( bon et surtout si vous êtes de gauche ) alors vous serez charmés par ce seul en scène un peu loufoque. Yvan Loiseau s’ efforce, avec ses airs de tête en l’air ( ou de tête dans les étoiles ! ), de nous faire revenir à l’ essentiel : notre humanité. En dépit d’un discours qui manque parfois de nuance, il encourage le public (et on ne peut pas s’en plaindre) à aimer un peu plus l’autre… (et il sait employer les grands moyens pour resouder nos liens ). Il aborde des questions à la formulation simples et qui pourtant , on le sait, sont extrêmement complexes : Comment agir contre les injustices ? Comment rendre demain plus beau ? Un spectacle qui met du baume au cœur, ni trop long, ni trop sérieux, et qui en plus, tape sur Bolloré !

De et avec Yvan Loiseau
Dirigé par Marc Cassar et Theodora Carla

 

2-« Le Misanthrope » au
Théâtre des Lucioles -15h50

Que vous soyez adeptes de Molière ou novices du théâtre classique, l’adaptation du Misanthrope par Thomas le Douarec sait convaincre la salle entière. Tout s’aligne pour que le public passe un merveilleux moment de théâtre. La mise en scène est fraîche, moderne, et carrément remplie d’humour. Préparez vous à voir Alceste danser sur de l’électro et Célimène envoyer ses déclarations d’amour sur son IPhone. Bien loin d’être tournée au ridicule, l’œuvre conserve le texte original qui n’est que mieux mis en valeur par des choix scénographique audacieux et pétillants. Les comédiens sont également plus que séduisants : ils incarnent si bien les personnages qu’ils imposent un rythme déjanté, rajoutant un certain dynamisme qui pourrai manquer à une interprétation plus classique. Avec ce Misanthrope on rit, on se sent grisé, on s’extase du beau texte et on a une folle envie de se mettre au théâtre !

Compagnie Thomas le Douarec et Protect Artistes Music 

Mise en scène : Thomas le Douarec 

Texte de : Molière 

 

 

3- « L’ami du président » au Théatre des Gémeaux – 17h15

 Ne vous méprenez pas, vous ne vous apprêtez pas à assister à l’éloge admiratrice d’un monarque, ni à prendre part à un procès à charge contre un pouvoir jupitérien. “L’ami du président”, c’est monsieur tout le monde, de son nom Léon Daim, qui, adepte des cérémonies officielles, se retrouve plongé dans les tambouilles bureaucratiques et les négociations politiques. D’un cynisme pinçant, cette satire politique jubilatoire regarde avec désinvolture les aléas de la haute administration.


Ici, il n’est pas question de rapports de forces, mais de s’amuser de la politique à taille humaine, et rire (parfois, une peu jaune), des aventures hasardeuses de Mr.Daim à la Rive Gauche de Paris, celle  des ministères et cabinets.

 

 

Félicien Marceau nous présente une galerie de personnages aux mimiques familières, et montre comment les hommes demeurent des animaux politiques. La scénographie sans fioritures laisse place à l’ethos politicien, celui des symboles et de la décoration instrumentale. Un ballet de cravates et costumes ajustés, qui ne manquent pas de se desserrer une fois les portes fermées et les caméras éteintes. Malgré une mise en place parfois traînante, tout le monde finit emporté, au rythme des poignées de mains et des dîners officiels.

Mise en scène : Christophe Lidon
Compagnie & Production : Acte2 – Création Centre National de Création Orléans-Loiret

 Texte de Félicien Marceau

4- « Tebas Land » à L’espace alya – 20h15

Une pièce, deux comédiens, trois personnages. Ce huit clos brésilien explore le processus de création artistique et son interaction avec le réel. Un détenu, un acteur et un dramaturge sont les trois protagonistes de cette performance théâtrale venue du Brésil (l’intégralité du spectacle est surtitrée en français).
Un parricide, un détenu, un comédien pour lui donner un corps. Robson Torinni entre et sort de la peau du prisonnier comme il va et vient dans la cage dressée sur scène. La précision acharnée dont il fait preuve crée une sensation d’absence d’un personnage à l’autre.
Deux comédiens, trois voix pour restituer le travail monumental et difficile pour ériger cette pièce aux enjeux antiques.
La mise en scène chapitrée et crue retrace la construction d’une oeuvre dans sa complexité la plus intime et ses échos universels. La démarche originale de l’auteur, choisissant un sujet aussi perturbant que le parricide, met en question le geste de création. Que peut le spectacle sur le réel ? interroge cette rencontre entre la comédie et le milieu carcéral.
Une performance d’auteur autant que de comédiens, une épreuve nécessaire.