Nous avons fait une escale dans notre appréciation de la comédie et avons choisi d’épendre nos commentaires et discussions sur le champ du spectacle vivant. Mois de Juillet oblige, direction la cité des papes où se tient la 77ème édition du festival Off du 6 au 31 du mois.
En vue de la dernière semaine, et des festivaliers retardataires ou indécis, voici donc notre retour sur ce qu’on a pu voir au Festival d’Avignon édition 2023.
Vous retrouverez différentes catégories (classique, contemporain, musical) pour pouvoir mieux s’y retrouver, en fonction de vos envies.
catégorie : textes originaux
les pieds tanqués
Auteur : Philippe Chuyen
Mise en scène : Philippe Chuyen
Interprète(s) : Philippe Chuyen, Thierry Paul, Gérard Dubouche, Mourad Tahar Boussatha, Sofiane Belmouden
Un incontournable avignonnais
La pièce à succès se joue maintenant depuis plus de dix ans au boulodrome de l’Ile piot et demeure d’une actualité mordante, montrant l’éternelle complexité de la commémoration de la guerre d’Algérie.
Un quatuor de comédiens dans l’atmosphère conviviale d’une partie de pétanque, qui laisse toute la place à la sensibilité des récits personnels. On ressent l’attachement de chacun des interprètes à son personnage, aimant en exposer les tourments et conflits intérieurs, parfois hérités de l’histoire familiale. L’interprétation maitrisée de Zé, Yaya; Loul, et Monsieur Blanc respectivement Pied Noir, français de parents algériens, Provençal de souche et Parisien immigré dans le midi met en exergue toute la subjectivité des récits sur le conflit algérien. Sans fioritures, la pièce laisse le spectateur face à l’essentiel, la gaité d’une partie de pétanques, impossible sans la fraternité qui incombe aux hommes, au delà de leur histoire et de leurs souffrances, lavée des rancoeurs inutiles et des concurrences victimaires.
Un spectacle totem des enjeux actuels, qui affirme une fois de plus l’unité des humains, et la nécessité du partage, là où la vérité s’est perdue dans les méandres des souvenirs et des ressentis..
On est pas là pour disparaître
Mise en scène : Mathieu Touzé
Interprète(s) : Yuming Hey, Rebecca Meyer
Voix off : Marina Hands
Lumières : Renaud Lagier, Loris Lallouette
Vidéo : Justine Emard
Assistanat à la mise en scène : Hélène Thil
Adapté du roman éponyme d’Olivia Rosenthal, le comédien Yuming Hey porte sur les planches un texte tranchant sur la maladie d’Alzheimer.
La bête noire de la pièce, c’est en effet la “maladie de A.”, examinée sous trois angles, au prisme d’un fait divers macabre.
Trois points de vues, le malade, le narrateur, la victime, se succèdent et s’entrechoquent, pour dessiner le portrait d’un monstre pathologique qui dévore les vies à mesure que le temps passe.
Dès le départ, la mise en scène cinématique nous empoigne et suspend notre souffle pour l’ensemble de la séquence.
La performance live à la guitare électrique de Rebecca Meyer figure la créature dégénérescente qui hante le texte et ses personnages.
De même, la présence en Off de la voix de Marina Hands de la comédie française crée un interaction intéressante avec le public en stimulant l’identification et nous met face à la réalité inévitable de la maladie de A.
On dénote néanmois quelques inégalités dans le jeu de l’interprète, qui porte parfois le mélo trop haut sous le masque de la femme et victime du malade, lui donant rapidement des airs de drame surjoué télédiffusé.
Dommage, car ces irrégularités laissent une impression de manque d’approfondissement du personnage, dont on aurait aimé voir une psychologie plus complexe, certainement permise par un jeu plus subtil.
Maison close ( chez Léonie )
Auteurs : Agnès Chamak, Odile Huleux
Mise en scène : Agnès Chamak, Odile Huleux
Interprète(s) : Ariane Carmin, Agnès Chamak, Fabien Floris, Montaine Fregeai, Maroussia Henrich, Taos Sonzogni
Chorégraphe : Lucile Künzli
Compositeur : Franck Lebon
Compositrice : Odile Huleux
Maison close est un voyage en l’an 1900 des plus singuliers. L’on découvre dans la renommée maison close de Madame Leonie, une joyeuse bande de prostituées : Victoire et son caractère bien trempé, la timide Louise ou encore la naïve Fantine. Dans une mise en scène rythmée et presque musicale, le spectacle interroge les mœurs de l’époque, de l’éternelle aliénation des femmes à la solidarité féminine qui en découle.
Quel destin pour ces jeunes filles ? Quels dangers ? La création originale répond à ces questions avec dynamisme et sensualité au théâtre des Brunes.
Malgré quelques dissonances dans le jeu, les comédiens parviennent à maintenir notre attention jusqu’au dernier moment. Pour compléter le tout, les costumes et le décor servent une intrigue dans l’ensemble bien menée.
Un bon moment !