par Gaïa
C’est par le docu-fiction que Mona Achache décide de montrer les possibilités du cinéma dans ce qu’il a de bouleversant.
La réalisatrice tente de pénétrer dans l’esprit de sa mère, dans l’espoir de comprendre, allant jusqu’à convoquer la comédie à la recherche d’une explication qu’elle n’aura jamais.
Le décor brut, murs sur lesquels des milliers de photos posent des questions sans réponses, laisse le champ à une Marion Cotillard stratosphérique. Little Girl Blue est une grande performance, d’une actrice à qui on ne demande plus de faire ses preuves. Pourtant, elle entreprend l’exercice “le plus dur qu’elle ait jamais eu à faire” en acceptant d’infiltrer l’esprit et le cardigan qui emprisonnent Carole Achache. Notons le plan séquence virtuose dans lequel la comédienne s’abandonne au rôle qu’elle est sommée d’interpréter. Peu à peu, le fantôme devient puissance supérieure, alpha et oméga de son travail, surveillé et corrigé par la fille Achache.
C’est une violente gifle, d’une poésie amère, celle d’un amour intense et destructeur qui traîne une ligne de femme dans dans les failles cruelles d’une élite sociale trop cultivée pour se passer de perversion.
Le film est le portrait d’une enfant de la jeunesse dorée des années 50, du Paris intellectuel, aussi riche qu’obscur. Une bonne grosse secousse cinématographique.